Prairie fleurie

Le jardin naturel

Prairie fleurie contre gazon

Le moindre petit bout de pré fleuri peut faire toute la différence !

Vous vous émerveillez devant les tapis de fleurs sauvages (sauges, marguerites, esparcettes et campanules) qui bordent les routes et les chemins de campagne ? Vous avez remarqué que les prés et les pâturages de montagne nous offrent dès le printemps un spectacle fascinant. De superbes fleurs, petites ou grandes, rouges ou bleues, jaunes ou blanches, s’étendent à perte de vue dans les combes ou sur les monts. Et partout des papillons s’affairent, butinent, se gavent de nectar, tandis que les criquets et les grillons stridulent de toute la puissance de leur archet.

Rien de tel en plaine, hélas ! La plupart des prairies sont aujourd’hui sur-engraissées. Les engrais organiques ou chimiques favorisent la croissance d’une herbe bien verte et bien drue, mais très pauvre en fleurs et donc en insectes. Seuls les pissenlits y trouvent leur compte… Fauchées dès le mois de mai, ces prairies grasses n’ont que très peu d’intérêt pour la nature et leur généralisation explique en grande partie la raréfaction des papillons. Dans bon nombre de régions, les sauges de prés, marguerites, esparcettes, campanules, rhinantes et les insectes qui en dépendent ne se cantonnent plus que sur les talus et les bords de routes bénéficiant d’une fauche tardive. C’est mieux que rien, mais c’est un peu triste ! D’où l’importance de leur offrir un peu d’espace dans nos jardins.

Pour la nature et les papillons, le moindre petit bout de pré fleuri peut faire toute la différence !
Et si vous dotez votre jardin d’un petit bout de pré fleuri, vous en profiterez tout au long de l’été.

Changer d’idéal

Avant d’accueillir la nature sur son terrain, il faut être prêt à revoir sa conception du jardin dans son ensemble. Les insecticides et les papillons ne font pas bon ménage, les engrais chimiques et les fleurs sauvages non plus! Quant au gazon, il n’a strictement rien d’écologique, bien au contraire. Cette mode absurde et éreintante suscite des querelles de voisinage, pollue les sols et crée des déserts verts où il ne fait pas bon vivre quand on est papillon, orvet ou musaraigne.

Le plantain et les pâquerettes sont-ils donc si horribles ? La mousse n’est-elle pas douce sous le pied ? Est-il indispensable d’avoir un simili-golf sur sa propriété ? Il est temps de remettre en question notre vision du gazon sans appréhender le regard des voisins !

Marguerite, sauge des prés dans une prairie fleurie

Des bulles d’herbes dans votre jardin

Si votre jardin est petit, il n’est pas forcément question de renoncer totalement à la pelouse rase, pratique pour les jeux et la chaise longue. Une bande herbeuse le long de la haie, des herbes folles autour de la terrasse, un peu de laisser-aller au pied du mur sont autant de refuges qui permettront déjà aux sauterelles de se reproduire et aux coléoptères de se déplacer à couvert. Tondre sa pelouse moins rase et moins souvent offre déjà davantage d’ombre et d’humidité au petit peuple des herbes. Mieux encore ? Vous pouvez délimiter à l’aide de piquets et de cordes de petites zones au milieu du gazon, dans lesquelles vous laisserez l’herbe pousser. Optez pour la forme ronde : vous contournerez ainsi plus facilement ces bulles d’herbes avec votre tondeuse à rouleau

Ne vous attendez pas à voir s’épanouir dès le premier été une flore extraordinaire parmi ces herbes folles. Les graminées qui composent le gazon poussent en général tellement dru que les fleurs sauvages ont de la peine à s’y implanter. Ces grandes herbes seront toutefois très prisées des coléoptères, sauterelles et criquets, qui en ont besoin pour s’alimenter et se reproduire. En automne, ôtez les piquets et fauchez les herbes hautes à l’aide d’une faux ou d’une faucille, puis remettez les piquets. Si vous avez plusieurs « bulles d’herbes », ne les fauchez pas toutes en même temps. Cela vaut même la peine d’en conserver quelques-unes enherbées jusqu’à la fin de l’hiver, car bon nombre d’insectes pondent à la fin de l’été ou hivernent sous forme larvaire dans les tiges creuses ou la litière.

Bon à savoir : quelques coups de faux… Sortir la débroussailleuse, s’harnacher de pied en cape et faire un potin de tous les diables: où est le plaisir ? Pourquoi se casser les reins et les oreilles pour couper 10 m2 d’herbes hautes, alors que quelques coups de faux peuvent régler la chose très rapidement. Bien sûr, l’usage correct de la faux demande un peu d’entraînement, mais quand vous aurez acquis le geste auguste du faucheur, vous regretterez de n’avoir que si peu d’herbe à couper…

Semer des carrés fleuris

Vous êtes prêts à offrir une plus grande surface de votre jardin aux fleurs sauvages ? Bravo ! Le succès et la rapidité de la métamorphose dépendront en grande partie de la nature du sol.

Si le sol est pauvre en matières organiques, comme c’est souvent le cas des sols peu profonds, sableux ou graveleux, il vous suffira de laisser pousser ce qui vient. Les graminées ne seront pas dominantes et des fleurs sauvages pourront y germer.
Si le sol est profond et gras, c’est-à-dire riche en matières organiques (apports de fumier ou d’engrais), il vous faudra vous armer de patience … et de bons outils.

Voici comment procéder :

Comment créer une prairie maigre dans son jardin. Récolte de foin fleuri.

Choisir le bon coin.

Choisissez l’emplacement avec soin. Le coin doit bénéficier d’un maximum d’ensoleillement, être facile d’accès (pour la fauche) et les herbes, qui resteront hautes jusqu’à l’automne, ne devront pas gêner la circulation des personnes.

Comment créer une prairie maigre dans son jardin. Sarclage et ratissage du terrain mis à nu.

Dénuder le sol.

Délimiter une parcelle d’une dizaine de m2 pour commencer. Il est important d’en ôter herbes et racines pour que la surface soit nue avant le semis. Ce travail étant ardu, nous vous conseillons la technique suivante : dès l’automne ou en hiver, recouvrez la surface herbeuse d’un vieux tapis ou d’un plastique bien arrimé afin d’étouffer les graminées qu’il y a dessous. Au printemps, vous n’aurez plus qu’à ôter cette couche opaque, pour découvrir une terre nue qu’il n’y aura plus qu’à égaliser au râteau.

Comment créer une prairie maigre dans son jardin. Le foin de fleurs est répandu sur la surface de sol travaillŽ.

Semer les fleurs.

La solution la plus simple consiste à acheter des sachets de graines de ” fleurs pour papillons “. Ces mélanges sont toutefois souvent composés de fleurs non indigènes, peu intéressantes pour les insectes. De plus, elles ne sont pas forcément adaptées au climat de votre région et coûtent cher au m2. Une autre option est de prélever des graines dans la nature au fil de vos balades. Il faut juste y penser au bon moment, c’est-à-dire une année à l’avance, et réunir une grande quantité de graines pour obtenir un bon résultat.

Une troisième solution, testée avec succès, consiste à recouvrir votre sol nu de foin de fleurs. Il s’agit pour cela de repérer près de chez vous un talus bien fleuri, d’attendre que les fleurs montent en graines (en juin) puis de les faucher. Remplissez des sacs de jute de ce foin de fleurs, puis au jardin, couvrez-en la surface à fleurir. Les graines tomberont et les herbes sèches serviront de paillage : elles protégeront les jeunes pousses de la lumière et maintiendront une humidité favorable à leur croissance.

Attente de la pousse de la prairie fleurie

Attendre que ça pousse.

Quelle que soit l’option choisie, vous serez vite au fait du résultat, car la croissance démarrera très rapidement. Repérez les plantes à fleurs comme la sauge et les marguerites, par exemple, et dégagez un peu les herbes qui pourraient gêner leur croissance. Ôtez aussi les touffes de graminées qui ne manqueront pas de réapparaître si le sol est gras : les plantes sauvages ne seront pas assez compétitives pour leur résister.

Fauche manuelle (à la faux) d'une prairie fleurie dans un jardin.

Faucher la prairie.

Couper les herbes hautes en automne ou dans le courant de l’hiver. Si vous avez plusieurs parcelles, fauchez-les en alternance afin que des invertébrés puissent passer l’hiver dans les herbes hautes.

Et encore

Pour aller plus loin

Les bonnes lectures

  • Et si vous construisiez une spirale qui sent bon la pierre et le thym?
    Un article de Terre & Nature dans lequel le muretier professionnel Eric Vaucher nous explique comment construire sa spirale à aromatiques en pierres sèches. 
  • Il faut aimer la pierre pour devenir muretier.
    Un article de Terre & Nature qui présente le travail de Yoann Chauvy, muretier professionnel vaudois, Terre Pierre Nature. 
  • Je construis un muret de pierres, par Serge Lapouge, 94 p., éditions Terre vivante, 2011. Envie de lézards, de fougères et de charme dans votre jardin ? Ce petit manuel de construction en pierres (avec ou sans mortier de chaux) pour bâtisseurs débutants vous offre les clés de la réussite. 
  • Mur de pierres sèches. Manuel pour la construction et la réfection. Par R. Tufnel, F. Rumpe, A. Ducommun, M. Hassenstein, édité par la Fondation Action en faveur de l’Environnement, 2003, 84 p, à commander sur www.umwelteinsatz.ch
  • Des murs pour la vie.
    Au commencement, il y avait des falaises, des dalles, des lapiaz… Des abris secs et pleins de vie. Puis les hommes ont empilé des pierres, bâti des murets, construit des murailles. La nature s’en est emparée petit à petit. Témoins de notre histoire, les murs de pierres abritent une vie insoupçonnée. Pour vous en convaincre, « La Salamandre » est allée à leur rencontre dans quatre régions de Suisse et de France. 
  • Pierres et jardin : murets, allées et cascades, par David Reed,157 p., éditions Artémis, 2004.
    Un livre pour rêver et avoir envie de mettre des pierres partout dans son jardin ! Plusieurs exemples de construction y sont décrits étape par étape.

Les sites et plateformes

  • Vous voulez savoir quels sont tous ces papillons qui volent dans votre jardin ? Allez faire un tour sur www.lepido.ch, vous y trouverez une foule d’information sur les papillons de Suisse afin de connaître les espèces, identifier un papillon et agir pour les préserver.

Les professionnels du domaine

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